DOCUMENTAIRES > CROQUANTES > JOURNAL DE BORD > Episode 2 - Empouvoirement - Auvergne & Rhône-Alpes
Nous sommes sur les routes depuis deux mois maintenant. Nous venons de sillonner la Drôme, l’Ardèche, le Puy de Dôme, la Vienne et la Haute-Loire. Nous avons fait une halte dans le Rhône et l’Ille et Vilaine. Nous avons aussi joué à domicile en Loire-Atlantique où nous avons eu le plaisir de partager une projection avec Maud Benezit, illustratrice de la BD “Il est où le patron ?”
Le travail des paysannes en polaires a clairement ouvert la voie aux Croquantes. Partout où nous allons, nous bénéficions des petites graines semées par leur collectif.
Ce qu’elles ont mis au grand jour hier, nous aide aujourd’hui à construire la suite. L’empouvoirement des femmes rurales, des agricultrices et paysannes.
A chaque fois, la même surprise de voir les petites, les moyennes et les grandes salles se remplir. Le bouche à oreille fonctionne. Les cinémas, les associations, les bibliothèques, les habitant·es qui nous accueillent font un sacré boulot pour encourager le monde à venir.
En 28 projections, Croquantes a déjà réuni 2500 spectateur·rices. Imaginez, 89 personnes en moyenne par séance !
Les tournées s’enchaînent et les équipes tournent. Les Croquantes sont de la partie. Maréva Hervouet, Mathilde Roger, Annie Chouin, Céline Caillon, Michelle Heuze, Mireille Briand ont accompagné la troupe des films Hector Nestor. Une équipée 100 % féminine pour répondre aux questions d’un public majoritairement féminin. Car oui, les femmes représentent jusqu’à présent les 2/3 du public. A l’image des Croquantes, elles vivent en ruralité, sont pour beaucoup agricultrices mais pas que. Il y a aussi des femmes qui n’ont pas de liens avec le milieu agricole mais qui ont été interpellé par le sujet. Elles sont salariées, sans emploi, auto-entrepreneuses ou retraitées. Les questions soulevées par le film les concernent aussi et ont éveillé chez certaines un fort sentiment de sororité. Les jeunes générations sont souvent venues en bande et les plus anciennes à deux ou trois. Nous avons senti vibrer les salles et accueilli les confidences. Le constat est amer. Les spectatrices se retrouvent malheureusement dans ce que dénoncent les Croquantes : l’invisibilité de leurs actions, l’inégalité salariale et/ou dans les prises de décisions professionnelles, les violences sexistes, les nombreuses injustices du quotidien liées à leur genre.
« C’est de moi dont il est question dans le film »
« Je croyais que le problème venait de moi
mais maintenant je me rends compte que je vis les mêmes choses qu’elles. »
« Je me suis installée dans les années 70 avec mon mari, nous n’étions pas du milieu agricole.
Nous étions hippies à l’époque, on partageait tout et puis les enfants sont arrivés.
Je suis restée à la maison pour m’occuper d’eux et lui s’est occupé de la ferme.
Je me rends compte aujourd’hui à quel point j’ai été rattrapée par le système malgré moi. »
« Nous, on s’est installées qu’entre meufs. C’est plus simple.
Au moins le partage des tâches est systématiquement discuté collectivement
et on n’a pas à subir les petites phrases sexistes toute la journée »
« Je suis graphiste et un copain paysan m’a demandé de lui faire un visuel pour ses confitures de fruits.
J’ai réalisé que c’était sa copine qui avait récolté, cuisiné, mis en bocaux les fruits
et que seul son nom à lui était prévu sur les étiquettes. »
La force du film réside dans le passage à l’action. Le fait qu’au-delà des difficultés, les Croquantes se serrent les coudes collectivement pour faire évoluer leurs situations individuelles. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’empouvoirement. C’est cela que l’on cherche à semer partout où l’on passe. De la confiance, de la lutte, de la joie et de la sororité. Lors des échanges qui suivent le film, nous encourageons toutes celles qui veulent faire bouger les lignes à se regrouper pour décupler leurs forces. Et ça marche ! Dans la Drôme, en Ardèche, dans le Puy de Dôme, dans la Haute-Loire des groupes sont sur le point de naître. C’est pour cette raison que nous cherchons à lier au maximum les projections avec une association locale. Pour qu’une fois notre équipée partie vers d’autres horizons, l’envie suscitée par le film ne reste pas lettre morte. On lâche rien et on vous dit à bientôt.
< Episode 1 - Premières séances - Haute-Garonne & Ariège
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